vendredi 9 novembre 2007

Quelques extraits du livre


Nous voici maintenant au parloir : ce sont des sortes de cages grillagées alignées. En face se trouvent les cages grillagées réservées aux prisonniers. Entre les deux, un couloir, légèrement courbe, sans doute pour que le gardien qui assure la surveillance ait une vue d'ensemble sur les visites.Les conversations commencent au travers des deux grillages. On entend ce que disent les familles voisines, avec un bruit de fond fait du mélange de voix plus éloignées(...) Le temps de la visite est compté (10 minutes environ) ; déjà les prisonniers repartent,encadrés par des gardiens. Bruits de clés tournant dans d'énormes serrures et de portes claquées.

L'hiver 1944 est très froid. La cuisinière n'est allumée qu'à midi afin d'économiser le combustible. Pour étudier, Georges s'assied sur une chaise, les pieds posés sur la porte du four. Il a des engelures, maman aussi. Pour ma part je m'adosse au bain-marie (réservoir d'eau chauffé par le foyer et que l'on peut vider par un petit robinet). Cela fait bien longtemps que le chauffage central ne marche plus, ni le chauffe-eau (peut-être jugé dangereux en raison des baisses de pression du gaz, les dispositifs de sécurité n'existant pas encore). La douche ne sert plus à rien sinon , de temps en temps, à héberger un lapin ou un coq ramenés de Billy.

Joseph est un sage qui sait observer; d'après l'aspect du ciel, il prédit le temps du lendemain. Les soirs d'été, alors que nous sommes assis sur le banc, sous les fenêtres du café (à la place du petit parterre de fleurs actuel), il nous enseigne le nom des étoiles. Sa silhouette, costume de velours, casquette, moustache, sabots, et son pas tranquille jusque vers la pompe, font partie intégrante du paysage.
Evidemment, en cette époque de guerre, les Allemands fréquentent le café. (...) Un soldat allemand veut me prendre sur ses genoux et me faire dire bonjour : je n'ouvre pas la bouche et prends le large. Furieux, il s'écrie : pas dire bonjour à soldat boche, dire bonjour à soldat français! Les soldats allemands me font peur, c'est certain, mais de plus le lainage de leur uniforme pique mes cuisses nues!

Le 16 novembre 1943, l'(ex) Commissaire David demande pour lui (Maupin, tortionnaire), l'attribution du legs "Pierre Monnier" dans un rapport où on lit notamment :"a fait preuve de réelles qualités professionnelles et d'esprit d'initiative dans la répression communo-terroriste. Toujours prêt à servir, il a montré un mépris total de la fatigue et du danger, il vient de réussir brillamment une importante opération ayant amené l'arrestation de plus de 40 militants communistes et terroristes importants. Toujours volontaire pour les missions difficiles, délicates et dangereuses".

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil

object width="180" height="220">
Découvrez la playlist Nouvelle playlist avec Valérie Duchateau